Le couple libre peut-il fonctionner ?

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

Modérateur : Eugene

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Eugene
Cocu de garde
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Le couple libre peut-il fonctionner ?

Message par Eugene »

Aimer ailleurs tout en étant en couple : la relation libre, qui n'impose pas la fidélité, permet-elle l'engagement ? Rend-elle heureux, sans que la jalousie finisse petit à petit par créer le doute chez l'un des partenaires ?

Certains en rêvent, d’autres n’en voient pas l’intérêt ou n’y croient pas, toujours est-il que le couple libre fait parler de lui. Au-delà du fantasme, quels sont les réalités humaines et les sentiments qui s’y rattachent ? Éléments de réponses avec Jean-Claude Piquard, sexologue clinicien.
Souvent une source de souffrances

« En théorie, oui, le couple libre peut fonctionner, mais en pratique le couple libre devient souvent source de souffrances », prévient d’office le sexologue lorsqu’on lui pose la question qui est aussi le titre de cet article.

Pourtant, et comme nous l’a rappelé Jean-Claude Piquard, en l’état actuel des connaissances, aucun argument scientifique ne permet de justifier le couple stable et fidèle, et donc rien n’empêche le couple libre de proliférer. Il n’y aurait, a priori, pas mort d’homme/de femme à aller butiner ailleurs quand bon nous semble.

« D’ailleurs, la stabilité du couple dans le temps a été progressivement altérée depuis la fin du XXe siècle : les divorces et séparations sont plus nombreux et le nombre de partenaires sexuels augmente. Avant la première relation stable, les hommes comme les femmes ont vécu statistiquement trois relations courtes. »

La jalousie peut survenir après de nombreuses années de couple libre

Alors c’est quoi le problème si rien ne s’oppose à ce que des couples ne soient pas sexuellement exclusifs ? Pourquoi se pose-t-on encore la question de savoir si, oui ou non, ce type de relation va fonctionner, et qu’est-ce que ça peut bien faire ?

« À part la nécessaire prévention des infections sexuellement transmissibles (IST), aucune contrainte ne semble s’opposer à ce mode de vie, c’est vrai. Pourtant, un danger guette sournoisement les partenaires : la jalousie qui s’accompagne, hélas, de violentes souffrances. Personne n’est à l’abri, même après de nombreuses années de couple libre sans incident. »

Pour rappel, le dictionnaire Larousse définit la jalousie comme un « vif attachement à quelque chose : garder un secret avec une extrême jalousie. Sentiment fondé sur le désir de posséder la personne aimée et sur la crainte de la perdre au profit d'un rival : être torturé par la jalousie. Dépit envieux ressenti à la vue des avantages d'autrui. »

Garder le secret sur ses infidélités

À titre d’exemple, on peut citer Catherine Millet qui, dans son premier livre intitulé La Vie sexuelle de Catherine M., a dévoilé sa très grande liberté sexuelle. « Dans son second livre, Jour de souffrance, elle ne comprend pas comment elle est à son tour victime des affres de la jalousie », raconte le sexologue, aussi régulièrement témoin (exclusif !) des infidélités de ses patients.

« En consultation, lorsqu’un ou une patiente me parle de son infidélité, je lui conseille de garder le secret. C’est probablement le seul conseil comportemental que je donne. En effet, le plus souvent, j’aide le patient à faire son propre choix, comme être ou ne pas être infidèle, là, moi, je ne me prononce pas.

Mais révéler son infidélité à son partenaire, c’est le faire souffrir alors qu’il n’a pas la responsabilité de cette infidélité. Je fais souvent allusion au jeu de la patate chaude, que personne ne veut garder car elle brule les mains. Le secret de l’adultère est également lourd à porter, ce n’est pas une raison pour le faire porter à son conjoint et ainsi très probablement le faire souffrir », confie Jean-Claude Piquard avant de se questionner : « Est-ce que les générations futures inventeront un nouveau couple libre sexuellement et sans jalousie ? ».

Et les polyamoureux alors ? « Certes, quelques militants prêchent pour le polyamour mais ils semblent aujourd’hui très minoritaires. » Qui vivra verra…

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Those who talk behind my back, my ass contemplates
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Sans Prétention
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Re: Le couple libre peut-il fonctionner ?

Message par Sans Prétention »

Catherine Millet : "La jalousie, c'est l'enfer"

(...)

Elle, jalouse? On ne s'y attendait pas. Catherine Millet, telle qu'en elle-même la légende l'épouse, semblait si peu possessive, si généreuse de son propre corps, si prompte à s'offrir à qui pouvait lui donner du plaisir, qu'on ne l'imaginait guère en tigresse sortant les griffes pour empêcher de jeunes rivales d'approcher son mari.

Il faut se rappeler en effet l'incroyable séisme que provoqua, en 2001, «la Vie sexuelle de Catherine M.» (Seuil), vendu dans le monde à plus de 1,2 million d'exemplaires. Une femme d'une cinquantaine d'années, par ailleurs directrice de la revue «Art Press», commissaire d'exposition, spécialiste de Salvador Dalí et d'Yves Klein, y écrivait: «J'ai partouzé dans les semaines qui ont suivi ma défloration» et ajoutait : «On m'attrape et on me tourne en tout sens comme on veut.»

Sur un ton volontairement neutre et laconique, elle racontait comment elle se livrait «à un nombre incalculable de mains et de verges», «baisait par-delà toute répugnance», se faisait prendre par des hommes anonymes dans les parkings souterrains, les stades à ciel ouvert, les bois de la capitale, les cabines des semi-remorques, les camionnettes de la Ville de Paris, les cimetières, les gares, les placards des salles d'exposition et jusqu'aux bureaux d'«Art Press».

Et pourtant, cette même femme avait - et a toujours - un amour, une passion fixe, l'écrivain Jacques Henric, rencontré lorsqu'elle avait 24 ans, et lui-même auteur de «Légendes de Catherine M.» (Denoël). Si elle tenait ses propres et machinales pratiques sexuelles pour anecdotiques, elle élevait au contraire son couple à la hauteur d'un absolu. Indifférente à l'hygiène, aux préjugés et plus encore aux sentiments, elle laissait les hommes de passage disposer de son corps, jugeant qu'il n'engageait pas sa personne, mais réservait à son mari, dont elle avait fait «un mythe», le corps exclusif de l'amour.

Alors, le jour où Catherine Millet découvrit que, de son côté, Jacques Henric ne se privait pas d'avoir des aventures, elle s'écroula. «Jour de souffrance*» est le récit méthodique de cette jalousie qui naît presque par hasard, croît à la vitesse d'une herbe folle, envahit l'espace vital, prospère, étouffe, détruit, et ne rend jamais les armes. Tant il est vrai, comme le pensait Montaigne, que, «de toutes les maladies de l'esprit, la jalousie est celle à qui le plus de choses servent d'aliment et le moins de choses, de remède».

A mesure qu'elle fouille dans les papiers de son mari, contrôle ses allées et venues, progresse dans son enquête, Catherine Millet décrit, de manière clinique, l'accélération vertigineuse de son rythme cardiaque, sa difficulté à respirer, ses crises d'angoisse, de rage, de larmes, ses cauchemars récurrents, les fantasmes que sa méfiance fabrique heure après heure («Je ne rêvais plus ma vie sexuelle, je rêvais celle de Jacques»), l'étendue de son désarroi, les anxiolytiques qu'elle ingurgite en vain, les conflits de plus en plus ouverts avec celui qu'elle suspecte «d'infatigables priapées avec d'autres femmes». Et, pour tenter de raisonner sa douleur, elle cherche dans son enfance, son passé, sa vie, la source obscure de son mal, l'explication de sa disposition naturelle à imaginer le meilleur comme le pire. L'origine du monde.

Ecrit dans une très belle langue, dont la clarté, l'élégance et les nuances évoquent parfois les «Lettres de la religieuse portugaise», «les Liaisons dangereuses» ou les grandes salonnières du siècle des Lumières - Mme du Deffand, Julie de Lespinasse -, «Jour de souffrance» explore, de manière très singulière, une maladie intemporelle et universelle. C'est aussi un chant d'amour poignant à celui qui, dans «Légendes de Catherine M.», écrivait, comme s'il voulait la rassurer: «Tous les corps et toutes les existences de femmes qui habitent mes romans et mes essais ont été façonnés à partir d'elle.»

*Jour de souffrance, par Catherine Millet,
Flammarion, 280 p., 20 euros. En librairie le 27 août.

Source et suite : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20 ... enfer.html
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Sans Prétention
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Re: Le couple libre peut-il fonctionner ?

Message par Sans Prétention »

« En consultation, lorsqu’un ou une patiente me parle de son infidélité, je lui conseille de garder le secret. C’est probablement le seul conseil comportemental que je donne. En effet, le plus souvent, j’aide le patient à faire son propre choix, comme être ou ne pas être infidèle, là, moi, je ne me prononce pas.
Option invalide :
viewtopic.php?f=21&t=3704&start=105#p60652
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