La jalousie

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Modérateur : Eugene

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SOS cocu
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La jalousie

Message par SOS cocu »

Nous ressentons tous au fond de nous le désir de trouver un amour absolu, infini et inconditionnel qui comblerait notre manque, notre sentiment d’incomplétude et nous apporterait le bonheur auquel nous aspirons mais en même temps nous avons la sensation plus ou moins consciente qu’un amour d’une telle intensité n’existe pas sinon dans nos rêves.

Il n’empêche que lorsque nous rencontrons la personne que nous aimons et qui nous aime, nous désirons avec force que cet amour réciproque s’installe dans la durée, qu’il ne vienne pas à disparaître ou à être menacé par la présence d’un rival.

Or l’amour, passé la phase d’idéalisation de l’objet d’amour, période pendant laquelle l’autre est paré de toutes les vertus et remplit sa fonction dans le rapproché affectif, intellectuel et physique, s’effrite inexorablement avec le temps et change de nature ; ce n’est plus l’amour passion du début mais une tendresse dans le meilleur des cas ou de l’indifférence ; l’autre ou nous-même selon notre degré de désinvestissement portons notre intérêt vers l’extérieur : pensées, regards, sentiments, désirs, relation sexuelle.

La jalousie s’installe alors chez celui qui éprouve encore des sentiments pour l’autre, la peur de ne plus être aimé ou de ne plus être l’unique source de plaisir réactive la peur fondamentale de toute personne d’être abandonnée, niée ou rejetée.

Cette jalousie peut se traduire par des comportements d’une grande violence ou au contraire susciter une dépression au long cours.

Cependant même dans des couples parvenant à maintenir leur relation, un grand nombre de personnes se sentent mise en danger au moindre signe d’intérêt que l’autre peut avoir pour quelqu’un ou quelque chose d’extérieur à soi.

Ne plus être l’unique source de plaisir, c’est quelque part ne plus être indispensable ; cela renvoie à la petite enfance au niveau de l’affectivité la plus profonde ; c’est ne plus être tout pour la mère, c’est avoir à faire face à l’intrusion d’un tiers.
Or, nous devons admettre, bien que ce soit très difficile, que nous ne pouvons à nous seul répondre à tous les besoins de l’être aimé et qu’il ne peut pas répondre non plus à tous nos désirs ; force est de constater que nous ne sommes qu’un élément de satisfaction parmi d’autres possibles.

Peut-on, dans ces conditions, en vouloir à l’autre d’avoir envie de plaire, de séduire ? Peut-on lui en vouloir d’aimer le sexe, d’aimer se faire plaisir, d’aimer donner du plaisir, d’aimer partager ?

Le désir « d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte » est du point de vue de la raison légitime ou du moins est-elle compréhensible dans une société libérale et sans doute totalement inenvisageable dans une culture soumise à la religion.
Mais au-delà de la société, il peut y avoir le pacte implicite qui lie deux êtres qui s’aiment d’un amour raisonnable et raisonné, quelles limites peuvent-ils mettre à leur liberté, où se situe le point de rupture de leur relation ?

Est-ce qu’en cas d’infidélité, il faut en parler comme le prétendent certains et savoir écouter sans juger, sans condamner. Est-il souhaitable d’aller au fond des choses sans faux semblants dans un respect mutuel ou bien faut-il comme d’autres le pensent ne pas partager les choses qui se situent à un niveau d’intimité si profond et si sensible qu’elles ne peuvent que blesser inutilement.

Pourquoi faire souffrir l’autre avec la jalousie en lui révélant des choses inacceptables pour lui-même et qui de surcroît risque de conduire à une rupture qu’en fait aucun des deux ne souhaitent.

Le respect que nous devons à l’autre doit nous amener à ne pas révéler certaines choses ; certains manquements révèlent notre faiblesse bien humaine, nous ne sommes pas les uns et les autres des Saints, même si nous avons un idéal de droiture, de fidélité et de justice.

Nous avons aussi nos peurs, nos désirs, il ne convient pas de s’en décharger sur l’autre pour libérer notre conscience ou soulager notre culpabilité. Il faut les assumer, assumer également la partie mauvaise (naturelle) qui est en nous en sachant qu’elle est aussi dans l’autre.

Dans ces conditions nous sommes quittes. Nous serons toujours autre pour l’autre, lui-même faillible et contradictoire comme nous-même.

Aimer c’est ne pas éveiller la jalousie de l’autre, c’est veiller à ne pas lui faire de mal avec nos manquements à la parole donnée ou à l’engagement pris dans les liens du mariage. Aimer c’est aussi savoir mentir avec intelligence et cœur lorsqu’il le faut pour préserver l’autre tout en se préservant soi-même des conséquences possibles de nos actes ou de nos pensées.

Jean-Pierre BÈGUE

Psychanalyste
124, Résidence Elysée 2
78170, La Celle St Cloud,
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Téléphone bureau: 06 70 27 02 04
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