Jalousie quand tu nous tiens !

Quel comportement adopter face à l’adultère, comment réagir? Beaucoup de questions, quelques débuts de réponses. Ne pas poster de témoignage dans cette rubrique.

Modérateur : Eugene

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SOS cocu
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Jalousie quand tu nous tiens !

Message par SOS cocu »

Depuis le début du dîner, Bertrand a une conversation animée avec sa voisine. Deux mordus de golf, il était évident qu’ils allaient bien s’entendre. Mais, au bout de la table, Christine fait ouvertement la tête. Cela saute aux yeux : elle est furieuse de cette intimité entre son mari et sa voisine…

Cela se confirme quand tout le monde sort de table, et qu’elle veut partir tout de suite, disant à peine bonsoir sous prétexte de ne pas casser l’ambiance. Qu’est-ce qu’il prend dans l’ascenseur ! Pourtant, cette conversation était bien anodine. Bertrand est stupéfait et atterré par l’attitude de sa femme qui l’accuse franchement d’avoir été proprement obscène.

Nicolas et Lorraine sont en voyage de noces à Venise. Ils déjeunent tranquillement dans une trattoria, quand Lorraine se lève et lui jette son alliance au visage. Toute la salle la regarde avec ahurissement. En larmes, elle reproche à son mari "tout neuf" d’avoir regardé avec insistance les jambes magnifiques de la serveuse… Nicolas tombe des nues, les clients sourient, cherchent partout l’alliance et Lorraine, réalisant qu’elle est allée trop loin, se trouve couverte de honte…

Damien est allé espionner sa compagne à la sortie du bureau quand elle lui a annoncé qu’elle déjeunait avec son nouveau chef de service, portrait de Tom Cruise. Oui, il les a vus s’installer ensemble dans un restaurant. Et alors ? Oui, il est beau gosse… Oui, elle était toute pimpante. Et alors ? Cela vaut-il la peine de se torturer en imaginant une idylle ?

Thierry, au cours d’un barbecue à la campagne avec une bande d’amis, filme l’assemblée avec son caméscope, insistant lourdement sur la courbe généreuse des hanches de Muriel. Celle-ci ondule avec provocation à chaque fois qu’elle passe devant lui. Fasciné par la lascive, il ne la quitte pas des yeux. Et il roucoule comme un pigeon fou d’amour dès que la dame lui chuchote deux mots à l’oreille, ne s’apercevant pas de la peine de la sage Frédérique, sa femme, qui détourne un regard plein de larmes.

Elisabeth ne peut résister à l’envie de renverser un plat de vol-au-vent aux fruits de mer sur la jupe blanche d’une convive qui drague ouvertement son mari. Petite vengeance pour grande douleur. Normal, elle a passé tant de nuits à sangloter en attendant son artiste de mari qui la trompe scandaleusement.

Philippe a persuadé sa femme de cesser de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Elle, si communicative, passe ses journées à la maison. Elle était épanouie, elle est devenue taciturne. Mais, après l’avoir coupée du monde, qui représentait une menace pour lui ? Philippe se demande maintenant : "À quoi pense-t-elle ? Elle se tait tout de temps !"

Ce poison qui menace le bonheur

Vous l’avez reconnu ce poison qui menace le bonheur et l’équilibre de très nombreux couples : c’est la jalousie. Fantasmé ou justifiée, la jalousie apporte une véritable souffrance. Tromperie avérée, provocation ou soupçons, il est des moments où l’amour fait mal, très mal même. Comment tenter d’échapper à cette souffrance qui détruit ceux qu’elle touche ?

La jalousie a plusieurs visages. Les uns s’enflamment au premier petit doute. Ils n’ont aucune raison d’avoir des soupçons, mais le moindre fait est interprétable pour nourrir cette jalousie naissante. Un regard un peu appuyé, une douceur dans la voix, un geste galant, ou encore une attitude. "Tiens, il est rentré plus tard que d’habitude, deux soirs de suite…". "Elle néglige la maison". "Il ne fait plus attention à moi". "Elle se maquille plus depuis un mois". Alors, vient parfois la traque, vilaine, sinistre, dégradante : le portable interrogé, l’agenda visité, les poches fouillées… Et en cherchant bien, on peut toujours trouver un indice, un début de preuve. C’est un cheveu blond suspect alors qu’il a été glané dans le métro, un air absent susceptible de cacher des pensées interlopes alors que ce n’est que la fatigue ou les préoccupations du boulot, une carte de visite féminine entre deux pages de l’agenda, le nom d’un hôtel griffonné sur un papier…

Faire une scène à son conjoint parce qu’il parle à sa voisine de table peut paraître injustifié et ridicule. Mais, pourtant la souffrance est bien là, horriblement vive et destructrice, d’autant qu’il est impossible de la justifier. Que reprocher à son conjoint quand il n’y a rien à dire sur son attitude ? Peut-on lui interdire de regarder, de parler, de sourire ?

Le joli cœur et l’allumeuse ont le tort de vouloir se prouver qu’ils peuvent séduire, aux dépens de leur conjoint qui assiste en souffrant à la scène. Perversion ? Immaturité ? C’est le plus souvent le manque de confiance en soi qui est à l’origine de ce comportement de "dragueur". Chacun rentre sagement chez soi au bras de son ou sa légitime sans passer à l’acte. Mais, il faut se méfier de ce genre d’attitude, car elle tourne parfois à une escalade qui mène tout droit au drame. Je roucoule avec Unetelle pour te faire râler, je te réponds en flirtant avec Untel pour te rendre la monnaie de ta pièce. Un partout et on continue. On en vient aux cris, aux insultes, aux coups. Parfois au meurtre. La presse appelle cela des crimes passionnels. Deux vies (au moins) de brisées, ça fait beaucoup. On est alors plus très loin de la paranoïa ou de l’hystérie. Car Elisabeth l’avoue : "Au début du papillonnage de mon mari, j’étais agacée. Puis quand il m’a trompée ouvertement, j’étais effondrée. J’ai eu envie de me tuer et aussi de le tuer".

Certains pensent qu’en excitant la jalousie de leur conjoint, ils vont le faire changer. Franck trompait Agnès et le lui disait pour la faire réagir. Vaine perversité : Agnès était jalouse et culpabilisée, mais incapable mentalement de changer, double souffrance pour elle. Elle s’est vengée en le larguant un jour pour un autre.

Gâcher sa vie et celle des autres

Que la jalousie soit justifiée ou non, ceux qui l’éprouvent gâchent leur vie, mais aussi celle de leurs proches. Anne harcelait son mari de questions, le soupçonnait sans raison de mille turpitudes, jusqu’à ce que le malheureux sombre dans la dépression. Non seulement elle était jalouse, mais elle était envieuse et elle ronchonnait dès que sa sœur avait une nouvelle robe ou partait en voyage. Jalousie, envie, est-ce bonnet blanc et blanc bonnet ? Non. Voici une métaphore pour comprendre la différence. Un couple dîne au restaurant. Elle est magnifique, elle est superbe. Vous pouvez éprouver de l’envie pour cette personne qui est si bien accompagnée. "Il a de la chance de sortir avec une si belle femme." "Quelle veinarde de sortir avec un homme aussi séduisant !" Mais, devant votre convoitise, c’est de la jalousie qu’éprouvera éventuellement le compagnon… ou la compagne.

Être jaloux quand on surprend son mari ou sa femme dans les bras de son amant ou de sa maîtresse est un sentiment qui répond à la logique. Le "contrat" est bafoué, la confiance ruinée, trahie. Certains couples affirment mener en toute liberté un vagabondage sexuel qui ne lèse en rien les sentiments réciproques. Cette liberté est-elle un rempart contre la jalousie ? Ce n’est pas si sûr. À long terme, ce genre de couple explose souvent, car la jalousie arrive à "repointer" son vilain nez.

D’où vient cette jalousie ? Pourquoi imaginer le pire alors que les indices de la tromperie sont infimes ou inexistants ? Pourquoi cette souffrance disproportionnée ? Tous les thérapeutes s’entendent pour dire qu’elle prend sa source dans l’enfance. Tout petit déjà, notre besoin d’amour et de reconnaissance est tel que nous supportons mal l’arrivée d’une fratrie avec laquelle il va falloir partager, ou même l’abandon, très relatif, du sevrage ou de l’intérêt porté par son parent à un "étranger". "Je ne veux pas que tu la regardes", hurlait Martine à deux ans, blottie sur les genoux de sa mère, quand quelqu’un s’adressait à elle. Car, pour un petit enfant, sa mère est tout, source de sécurité et de bien-être à la fois. "Leur relation est fusionnelle, et c’est cette fusion que certains recherchent dans une union. La moitié devient possession et, dès lors, la moindre trace d’une hypothétique trahison devient insupportable. Elle peut conduire au désespoir", explique Edouard Korenfeld, psychothérapeute. Ce n’est pas nouveau : dès les origines de l’humanité, la tradition veut que Caïn ait tué Abel parce qu’il pensait que Dieu le préférait à lui !

Trouver une explication à cette souffrance

Comment expliquer cette souffrance ? Elle est due à une double peur. Celle d’être abandonné, mais aussi celle de ne pas être à la hauteur. "Qu’a-t-elle de mieux que moi ?" "Qu’est-ce qu’elle lui trouve ?" C’est une question qui taraude le jaloux. Sous entendu : "Il ou elle est mieux que moi, donc c’est moi qui ne suis pas assez bien". Et voici la dévalorisation et la culpabilité qui arrivent au galop. Elisabeth confie : "Le sentiment d’abandon que je ressentais quand mon mari me trompait était insupportable, à la limite du désespoir. En constatant son infidélité, je voyais mes vingt ans de mariage partir en fumée, et moi délaissée. Je lui trouvais mille excuses, je me trouvais mille défauts. Finalement, je n’étais pas loin de penser que j’étais responsable de son infidélité !"

Souvent les grands jaloux manquent cruellement de confiance en eux. Et ce manque de confiance se réveille, comme une blessure mal cicatrisée. La voisine de Bertrand est une sportive accomplie, ce que sa femme n’est pas. La voisine a un terrain d’entente avec lui que sa femme ne possède pas. Si elle avait un super handicap au golf, il est fort possible qu’elle n’ait même pas remarqué la conversation. Et Bertrand en paye les pots cassés, lui qui n’avait aucune intention inavouable à l’égard de cette jeune femme.

Peut-on échapper à la jalousie ? Tout dépend du contexte. Face à un provocateur qui aiguillonne votre jalousie pour faire pression sur vous, la seule solution est de réagir en adulte en refusant tout net d’entrer dans ce jeu pervers, car il est perdu d’avance. Si on n’y laisse pas sa peau, on y laisse beaucoup d’énergie et de foi en soi et en les autres. Mais, se rendre souvent malade pour un cheveu sur un revers de veste doit amener à consulter. Un thérapeute apporte une aide précieuse qui permet de prendre du recul, de comprendre l’origine et le côté excessif des réactions… Bref, de vivre plus serein et plus heureux.

Florence Le Bras
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