S'aimer, se quitter... et se remettre ensemble

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Eugene
Cocu de garde
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S'aimer, se quitter... et se remettre ensemble

Message par Eugene »

Hymne à l'amour pour les uns, goût de réchauffé pour les autres, l'opération deuxième chance séduit de plus en plus de couples. Pour le meilleur ou pour le pire.

Selon un proverbe italien, celui qui s'est marié une fois mérite une couronne de patience. Celui qui s'est marié deux fois, une camisole de force. Mais qu'arrive- t-il lorsque l'on épouse la même personne, à quelques années d'intervalle? Dans une société où les divorces et les familles recomposées deviennent la règle, cette tendance gagne du terrain, même chez les politiques et les intellectuels.

Au mois d'août dernier, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a repassé la bague au doigt de son ex-femme, Véronique. Jean-Christophe Rufin, élu à l'Académie française en 2008, a de nouveau officialisé son union avec la mère de ses deux enfants, plusieurs années après leur séparation.

Le monde de l'art et du cinéma ne fait pas exception. Souvenez-vous du duo mythique Diego Rivera et Frida Kahlo, mariés en 1929. Lui collectionnera les conquêtes toute sa vie, elle aura notamment une liaison avec Trotski. Ils divorcent... et échangent leurs voeux une seconde fois en 1940. Au palmarès des amants terribles, il y a évidemment Elizabeth Taylor et Richard Burton, qui se sont rencontrés sur le tournage de Cléopâtre, alors qu'ils étaient tous les deux mariés. En 1984, à la mort de ce dernier -qu'elle a épousé deux fois (voire trois, selon la rumeur)-, l'actrice a déclaré: "Nous avons toujours été follement et profondément amoureux. Nous n'avons pas eu assez de temps." L'amour n'a rien d'un long fleuve tranquille, on le sait bien.

Opération deuxième chance

Bien que ce phénomène soit impossible à quantifier, l'opération deuxième chance n'aurait jamais eu tant d'adeptes. Le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, auteur du livre On arrête? On continue? Faire son bilan de couple (Payot), dit n'avoir jamais eu affaire à ce type de patients il y a vingt ans. Aujourd'hui, ils sont nombreux à pousser la porte de son cabinet. "Chaque époque invente son couple, et la nôtre ne fait pas exception, explique-t-il. Les retrouvailles s'effectuent plus facilement, car les séparations sont plus courantes, et mieux acceptées socialement. Mais cela ne signifie pas que le succès est garanti. Si vous envisagez cette expérience comme un recyclage, faites demi-tour, vous perdez votre temps!"

La tentation de la deuxième chance est aussi emblématique d'une société en crise et en perte de repères. Selon une enquête Cegos publiée en 2012 et menée dans cinq pays européens -Allemagne, France, Espagne, Italie et Royaume-Uni-, interrogés sur leurs priorités, 86% des jeunes actifs citent la famille, et 59%, le travail.

Le retour de flamme serait-il un retour symbolique aux valeurs refuge? Pas exclusivement, répond le psychiatre, car elle reflète aussi la schizophrénie de notre société. "D'un côté, la longévité des couples se raccourcit d'année en année, note Robert Neuburger. De l'autre, on sanctifie de plus en plus la fidélité et la confiance en son partenaire."

Bannir le mot "mariage", préférer "retrouvailles"

Comment alors mettre toutes les chances de son côté? Tout d'abord, bannir le mot "remariage" et le remplacer par "nouveau mariage" ou "retrouvailles". "Depuis la séparation, le temps a passé, les conjoints ont changé, précise le psychiatre. Il faut donc prendre en compte ces évolutions, ancrer la relation dans le présent. Et dépister les mauvaises raisons qui pourraient pousser un couple à se remettre ensemble."

Certains sont tentés de revenir pour les enfants, d'autres, par peur de la solitude. "Les couples dysfonctionnels ne feront qu'augmenter leur frustration et celle de leur progéniture s'ils retentent leur chance. Il ne faut pas s'engager dans cette voie par dépit, mais par envie."

Sonia, une avocate de 63 ans et mère de trois enfants, a attendu sept ans avant de redémarrer sa relation avec son ex-conjoint. Ils se sont connus à l'âge de 19 ans, se sont mariés et ont eu leur premier enfant à 22 ans, avant de se séparer, dix ans plus tard. "Nous avons ressenti tous les deux le besoin d'explorer de nouvelles contrées, d'expérimenter des choses que nous n'avions pas eu le temps de vivre, car nous avons été parents très vite", raconte-t-elle.

"Incapable de construire ma vie avec un autre"

Le catalyseur? Sonia a rencontré quelqu'un. De son côté, son mari a eu plusieurs aventures. "Nous nous sommes quittés dans un climat non conflictuel, sans cris ni injures, et sans exiger que notre entourage prenne parti. C'est sans doute ce qui a facilité nos retrouvailles. Difficile de se remettre en couple et de reprendre sur de bonnes bases après s'être dit des infamies."

Pendant leur séparation, Sonia a eu une relation de quatre ans avec un autre homme. "J'ai eu un déclic quand il m'a demandé de divorcer, afin que l'on puisse se marier et avoir des enfants ensemble, confie-t-elle. J'ai compris qu'il m'était possible d'aimer un homme qui n'était pas mon mari, mais que j'étais incapable de construire ma vie avec un autre."

Elle cherche alors à renouer avec son ex-conjoint. Et se remet avec lui quelque temps plus tard. Pendant cinq ans, ils décident d'habiter chacun de son côté. Aujourd'hui, ils vivent sous le même toit. Heureux, et enviés... "Notre relation a tenté beaucoup de gens dans notre entourage, car elle les a fait réfléchir sur leur propre mariage, observe-t-elle. Ils avaient le sentiment que nous détenions la formule magique du couple, un mélange de sécurité et de nouveauté. Mais ils minimisent le fait que ces retrouvailles nécessitent une forte maturité affective, car il faut supporter que l'être aimé soit tombé amoureux de quelqu'un d'autre et ait pris du plaisir ailleurs."

L'exemple d'Hollywood

Le challenge? A l'heure où de nombreux couples sont mis à mal par le poids des responsabilités, il faut apprendre à "embellir le quotidien et à surprendre l'autre". Sans oublier les enfants, qu'il faut convaincre du bien-fondé des retrouvailles parentales. "Le retour du père à la maison est rarement triomphal, constate Robert Neuburger. Le résultat peut être une déception, car la période idyllique pendant laquelle les enfants ont eu leur mère pour eux seuls est terminée [NDLR: d'après une étude du ministère de la Justice publiée en 2012, les enfants résident chez leur mère dans 71% des cas, après un divorce]. Ils accueillent souvent ces changements avec scepticisme et une extrême précaution."

Quid des retrouvailles tardives sans happy ending? Sans surprise, elles sont légion à Hollywood. On se souvient notamment du rappeur Eminem et de Kim Mathers, son amour de jeunesse, et des va-et-vient tempétueux de Pamela Anderson et de Rick Salomon. "Vous retournez toujours aux mêmes mecs!" a lancé Ellen DeGeneres, la reine du talkshow californien, à l'ancienne star d'Alerte à Malibu, en 2013. Et l'actrice de répondre, avec un romantisme enchanteur: "C'est du recyclage!"

Chercher et retrouver un parfum charnel de jeunesse

La vogue du réchauffé en amour a même été nuancée en 2009 par le film Pas si simple, de Nancy Meyers. Meryl Streep y interprète le rôle d'une chef d'entreprise et mère de trois enfants. Divorcée depuis dix ans, elle devient l'amante de son ex-mari, joué par Alec Baldwin, lui-même marié à une trentenaire... Leur liaison n'a jamais été aussi fougueuse, mais cela n'a pas suffi. Elle le quitte à son tour pour un autre homme, qui correspond plus à ses attentes du présent. Renouer avec un ex, c'est donc aussi chercher et retrouver un parfum charnel de jeunesse...

Comme l'a expliqué le psychologue Yves-Alexandre Thalmann sur le site de L'Express Styles en janvier 2015: "Lorsque l'on revoit une personne que l'on a aimée, il faut avoir à l'esprit qu'on la regarde avec un prisme, son propre film, avec un mélange de souvenirs et de réalité. Le risque peut venir de là, d'une idéalisation qui ne tiendra pas longtemps."

Pour le sociologue François de Singly, auteur de l'essai Séparée. Vivre l'expérience de la rupture (éd.Fayard), les retrouvailles tardives en disent plus sur la conception de soi que sur la nature de l'amour. "La façon dont nous construisons l'identité du moi en Occident est composée de deux dynamiques différentes, qui coexistent à l'intérieur de nous-mêmes: d'un côté, en grandissant, on a besoin d'avoir la preuve que l'on reste soi, fidèle à ce que l'on a toujours été. De l'autre, on change, on se fabrique sur la route, transformé à chaque âge par la logique de l'expérience." En d'autres termes, dis-moi comment tu aimes, je te dirai qui tu es... Quand un couple se redonne une chance, c'est une façon de se prouver qu'il y a une "permanence de soi". Pour le meilleur ou pour le pire...

Une remise en question bénéfique

Architecte sexagénaire et mère de deux enfants, Suzanne s'est remise avec son ex-mari vingt ans après leur divorce. Entre-temps, ce dernier s'est remarié deux fois et a eu trois autres enfants. "Pendant des années, nous ne pouvions pas rester plus de cinq minutes dans la même pièce sans nous disputer, insiste-t-elle. Jusqu'au jour où nous nous sommes croisés par hasard à une soirée. Les premiers temps, j'avais des papillons dans le ventre. C'était comme si nous n'avions jamais été ensemble." Après réflexion, ils informent leur entourage de leur relation. "Nos familles et amis sont restés bouche bée, poursuit-elle. Nous avions tous une impression de 'déjà-vu'."

Mais la lune de miel est de courte durée. Après quelques mois d'exaltation, la passion s'atténue et Suzanne prend conscience que ses attentes ont changé. "Je me suis mariée jeune et, à l'époque, je rêvais de stabilité et de construire un couple solide, se remémore- t-elle. Aujourd'hui, à l'âge de 60 ans, je suis indépendante, je gagne bien ma vie et ne cherche pas à être rassurée. J'attendais de mon ex-mari cette fois qu'il fasse preuve de plus d'originalité et de fantaisie. Je suis heureuse d'avoir retenté l'expérience, mais je ne regrette pas d'y avoir mis fin."

Repasser par la case départ en amour est donc loin d'être une garantie de happy ending... Mais l'expérience offre une remise en question bénéfique. Comme le résume Sonia: "Etre heureux en couple, c'est comme renouveler le bail d'un appartement en location tous les trois ans. Il faut régulièrement se poser et se reposer la question: suis-je toujours bien avec cette personne? Suis-je satisfaite de ma relation? Le plus difficile est d'agir quand vous avez la réponse..."

Source
Those who talk behind my back, my ass contemplates
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Sans Prétention
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Enregistré le : jeu. 5 mars 2015 19:32

Re: S'aimer, se quitter... et se remettre ensemble

Message par Sans Prétention »

Il existe pour chaque problème complexe une solution simple, directe et fausse (H.L. Mencken)
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