Salut Dom... Merci pour tes encouragements et ta sollicitude. Mais... j'ai foiré les huit questions aussi. Il y a 10 mois. Tu vas me dire "c'était il y a 10 mois". Et là je te dirai "oui, c'était il y a 10 mois pendant 15 ans."
Le temps passe et pourtant, la fracture guérit pas...
Je suis au final une leçon de rancune, pas de courage... Ne m'encence donc pas trop
J'ai un faible pour la vidéo qui parle de moi en mode serpillière. Ça m'a rendu tout chose qu'on évoque mon histoire avec autant de poésie, un accent très charmant pour enrober délicatement le tout.
Oui, madame SP a changé. Mais pour combien de temps ?
Je ferai bientôt copie d'un mail envoyé par son meilleur ami qui, visiblement, ne sait rien de ses frasques actuelles... Merde: j'ai écrit "actuelles".
Monsieur son ami confirme que le trouble passé ne se guérit pas et me félicite d'avoir su aimer ma femme au point de lui faire aimer la vie tranquille à mes côtés...
SMS de madame SP à qui j'ai montré les vidéos ce matin: "Tu ne t'opposais tellement jamais que j'ai cru que j'avais le droit de faire ce que je voulais."
Immaturité j'ai dit ?
Je me suis trompé (décidément, après ma femme...): l'amour ce n'est pas dire oui à tout. Et pourtant, bah, j'avais dis non. Papa, lui, a rien dit. Visiblement, dans ce jeu de cons de l'inconscient (où l'un, con, scie la branche sur laquelle il est assis) la parole du père compte plus que celle du mari. "Moi mon père il dit rien". Premiers (é)mois ensemble. Le fantôme d'un surmoi particulièrement affaibli par une mère castratrice et dévoreuse de cadavres affectifs planait déjà au-dessus de ma tête... Dès le départ, je ne pouvais pas gagner contre le cannibalisme amoureux dont faisait preuve celle qui allait devenir madame SP un jour.
Quand au manque d'amour de la part du cocufieur: check, le manque de considération la plus élémentaire pour le légitime avec un insupportable aplomb donné par le ketchup du sandwich: check, envoi subliminaux de signaux parentaux sur le couple: check. Bref. Je réhabilite tous les lieux communs, la rage au ventre, contre des thérapeutes qui ont voulu me faire croire au caractère non prédestiné de l'acte infidèle.
Et dans tout ça... Une personne peut-elle renoncer à 40 ans de fonctionnement erroné en matière de vie à deux même après une crise conjugale pendant laquelle le pire du pire est sorti ? Je ne sais pas. Aucune idée.
Dans ma jeunesse, j'ai vu mon père radicalement changer après avoir intégré une secte. Celle là même qui, paradoxe des paradoxes, a sorti ma mère de l'asile.
Dix ans de tranquillité conjugale. Mais comme la nature a horreur du vide, nous avons subi les pires tortures intellectuelles dans un enferment fascinant de la psyché... Mon géniteur avait troqué la panoplie de terroriste amoureux pour celle de terroriste de la pensée unique: la sienne. Comme quoi...
Une fois cet enfer derrière nous, monsieur papa a recommencé ses frasques... Chassez le naturel...
Pas beau hein ?
Ma mère a quitté mon père après une ultime tentative de suicide. Et quand elle ne pensait pas à la mort, c'est la mort qui pensait à elle. J'ai failli la perdre six ou sept fois en tout depuis ma naissance. Et le mari là dedans ? Au secours...
Je me suis juré de ne jamais faire subir cela à une femme.
Mais la femme que j'ai choisie m'a fait revivre ce calvaire, en exact miroir inversé. Sans sourciller, sans vergogne, sans l'ombre d'un remord... Avec dans la danse une insupportable belle mère réglant ses propres comptes avec son mari à travers sa fille... Pas de trois. Valse diabolique.
J'ai refusé les anti depresseurs pour ne pas sombrer comme ma mère, aujourd'hui pas heureuse, mais à l'abri de son tortionnaire. Et malgré tout, Dom, je crois encore en l'amour. Malgré tout je lutte...
Mais tout était écrit d'avance. Depuis mes tous premiers messages: je ne considère pas la fidélité comme un principe moral. Mais comme un engagement qui se commence et s'achève à deux. Principe d'égalité oblige.
La fidélité par dessus la morale, le respect de l'autre par dessus la fidélité, l'égalité comme évidence et l'amour comme ciment.
J'ai renoncé à tout. Je suis resté avec une femme infidèle qui me traitait mal et qui avait pris ses aises sur mes faiblesses dont notamment celle consistant à ne pas faire de mal... A ma mère.
Mais ma femme n'est pas ma mère. Elle n'a respecté aucune des promesses que nous nous étions faites.
Indirectement, j'ai renoncé au respect, en ne me respectant pas. A la fidélité en reconstruisant. A l'égalité en me laissant faire.
Or, mon couple ne peut tenir sur mes seules épaules. Le couple c'est deux. Mais deux, c'est moi seul...
Elle revient mais rien ne me rendra le respect perdu, la fidélité et l'égalité: c'est irrattrapable.
J'ai viré de bord, je suis de l'autre côté, et je vérifie avec amertume toutes mes constructions mentales les unes après les autres à mesure que les barrières tombent. Théorie des périodes et le reste... Bien appris mes propres leçons... Et ça marche. Mais je ne savais pas que...
J'aime ailleurs. Je n'ai pas "consommé". Mais mon coeur est parti. Pour revenir ou choisir. Parce que ça aussi on me l'avait pris: le choix. La dépression n'est pas une très bonne alliée. ..
J'ai renoncé à tant que je pensais encore à me foutre en l'air très récemment malgré l'appel de mes enfants. Et puis... Une main déchirée et saignante un peu comme la mienne a été tendue... Je l'ai saisie. Pour ne pas mourir de haine.
Je suis entre deux, mais sur l'autre rive.
Je ne suis pas un surhomme. Je comprends. Mais je n'accepte pas et j'accepte d'autant moins que j'ai compris. J'ai essayé sans elle, l'autre, j'y arrive mieux avec. Syndrome de la liane...