merci à toi, coeur en jachère, de ton attention et de ta réactivité.
Un profil interressant, très long comme d'hab avec moi mais interressant quand méme:
Le passif-agressif et sa compagne
Une spirale destructrice
(
http://www.la-psychologie.com/passif-ag ... couple.htm)
Tous ou toutes, à un moment ou un autre, nous avons adopté un comportement que l’on peut qualifier de « passif-agressif », dans la mesure où, par notre silence, notre indifférence affichée, notre éloignement, nous avons ignoré consciemment ou inconsciemment le besoin d’être en relation de notre partenaire. Cette attitude témoigne souvent d’une colère qui est ruminée au lieu d’être exprimée, d’un repli sur soi à la place d’une communication franche. Cette façon de réagir à la contrariété ne tient nullement compte des attentes d’authenticité de l’autre. Au sein d’une relation amoureuse, cette sorte de passivité est tout particulièrement vécue comme un manque d’attention, une négligence qui blesse. Dans le sens où la souffrance et l’irritation qu’elle engendre sont même parfois reprochées à la personne, où une absence de culpabilité fait place un renversement de rôle, on peut parler de violence psychologique. Lorsque ces comportements deviennent répétitifs et s’impriment comme un mode de fonctionnement habituel, on n’est plus en présence d’un comportement problématique mais plus probablement d’un trouble de la personnalité.
Comment reconnaître la passivité agressive ? Comment est-elle ressentie ? Ces questions sont importantes puisque ce problème peut conduire un couple à la rupture alors que toutes les chances étaient réunies pour qu'il prospère.
Dans un premier temps, nous ferons un inventaire des caractéristiques les plus fréquentes du passif-agressif. Il faudra les considérer comme des repères pour éclairer des relations conflictuelles, nullement comme des critères pour établir un diagnostic (qui relève des compétences d’un professionnel).
Nous présenterons en parallèle les difficultés rencontrées par les compagnes des hommes passifs-agressifs afin qu’elles trouvent des éléments pour mieux comprendre ce qui leur arrive dans de telles situations.
Dans un deuxième temps, nous tenterons d’expliquer les causes de ce mode de fonctionnement qu'il serait bien trop réducteur d'attribuer à un manque d'amour. Au contraire, nous serons amenés à comprendre comment le dysfonctionnement abîme les capacités à aimer du sujet.
Dans un troisième temps, nous montrerons comment l’enchaînement
il alterne entre affection, tendresse, mots d’amour et une sorte d’indifférence, de froideur, de détachement. elle est en proie à la confusion et au désarroi face aux états contradictoires de son partenaire
il ne parle pas ou peu de lui et de ses sentiments. elle est à l'affût des signes qui parlent à sa place
il n'émet pas ou peu de désirs propres parce qu'il a peur de la réaction de l’autre. elle a l'impression d’être une sorcière, quelqu’un à qui on ne peut pas dire les choses
il peut se sentir coupable de refuser quelque chose et souvent n’ose pas dire « non ». elle demande de moins en moins de choses afin qu'il ne ressente aucune contrainte
il n'exprime pas ce qui le contrarie. elle se reproche de ne pas avoir deviné ce qui se passe
il accumule les contrariétés jusqu’à exploser de rage. elle ne comprend pas l'ampleur de la réaction
il a le sentiment de se sacrifier. elle ne lui en demandait pas tant et déplore son manque de communication
il pense n’avoir pas de problème psychologique et ne se sent pas concerné. elle se demande ce qui en elle ne va pas et consulte volontiers un psy
il situe les difficultés chez l’autre. elle a le sentiment d'être seule à se remettre en question et à faire des efforts
il a toujours une bonne raison pour justifier ses actes, paroles ou attitudes. elle se sent désemparée
il se positionne en victime et obtient facilement la compassion de l'entourage. elle passe pour la "mauvaise" et ne reçoit pas de soutien de l'entourage
il ressent toute remarque comme un reproche ou une critique. elle a la sensation de marcher sur des oeufs et utilise maints détours pour exprimer ce qui lui tient à cœur
il irrite l’autre par son attitude ou par ses non-dits et lui fait ensuite le reproche de s’être emportée devant la culpabilisation par l’autre. elle s'auto-reproche d’avoir perdu son calme, oubliant que sa colère était légitime
il inverse les relations de cause à effet pour se déresponsabiliser. elle est révoltée par ce renversement de rôle et de situation et se sent injustement blâmée si bien qu'elle tente de lui expliquer encore et encore...
il reste souvent silencieux ou répond laconiquement, lorsqu’un problème le mettant en cause est évoqué. elle le sent fuyant et peu collaborant
il stoppe un échange quand lui en a assez sans se préoccuper des besoins de l’autre. son égocentrisme l'exaspère
il peut être souriant, de bonne humeur et gentil en présence d'amis mais l'ignorer quand ils ne sont plus qu'à deux. cette modification du comportement lui fait l'effet d'une douche froide et devant un tel mépris, elle traverse l'enfer
quand il se met en colère, il ferme tous les canaux de communication elle subit son retrait et, impuissante, oscille entre rage et désespoir
il s’enferme dans le mutisme, pendant des heures ou plus souvent des jours. elle a la sensation de ne plus exister pour lui et souffre énormément de son éloignement
il est peu ou pas du tout réceptif à la souffrance que son comportement engendre. elle a l'impression qu'il n'en a rien à faire d'elle et qu'au contraire sa souffrance l'agace
il ne demande jamais ou très rarement pardon. elle ne se sent pas comprise
il lui dit qu'il l'aime et qu'il veut qu'ils restent ensemble. elle en est de moins en moins convaincue
il ne prend aucune initiative pour « faire vivre le couple ». elle ne peut pas demander ce qu'elle voudrait voir venir spontanément
il ne parle plus d'aucun projet d’avenir pour le couple. elle a le sentiment d'être seule à vouloir être à deux
il supporte mal l'insatisfaction de sa compagne et espère qu'elle reste souriante et joyeuse en dépit de son manque d'implication et de ses mots assassins. elle est au bout de ses limites, ne peut donner plus et pense qu'il est inhumain d'attendre qu'elle conserve sa bonne humeur face aux blessures et humiliations
il lui dit qu'il est bien seul. elle se sent désaimée et trahie
il refuse de s’engager et toute attente est interprétée dans ce sens comme une obligation. elle est blessée qu'il traduise en terme de prise de pouvoir ce qui est Amour pour elle
il ne s'investit pas vraiment dans la relation et justifie cela au moyen des crises répétitives. elle fait le maximum mais, face à son manque d'investissement, le malaise grandit...
il se montre prêt à arrêter la relation si les choses ne s'arrangent pas. elle vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête et est sur le qui-vive pour éviter tout heurt
A cette longue liste, non exhaustive, on peut rajouter les propos suivants, récoltés sur un forum de discussion portant sur le sujet (
http://forums.canoe.com/messages/femgen/18.html) :
"cela fait 5 ans que je subis de la torture psychologique,... j'ai subi énormément d'humiliations,... les choses horribles qu'il m'a faites endurer..."
2. Les causes de la passivité-agressive
Ci-après plusieurs causes possibles sont exposées. Elles ne s'excluent pas l'une l'autre. Il est même probable que vous en identifiez plusieurs. Nous avons présenté les principales et il est certain qu'il y en ait d'autres.
2.1. La difficulté à demander
La difficulté à identifier ses besoins et à demander ce qu'il désire est un des problèmes du passif-agressif. Il accumule alors les non-dits et les frustrations de sorte que l'amertume se transforme de plus en plus en acide qui corrode les sentiments d'amour. Au lieu de communiquer, il s'enferme dans une bulle de silence qui prend la place du partage, des échanges tendres et de la complicité des débuts. Petit à petit, il n'éprouve plus la joie d'être à deux. Au contraire, être ensemble devient pour lui synonyme d'entrave à sa liberté, d'empiètement sur son individualité. Sans bruit, il reproche à sa partenaire d'avoir des attentes qu'il ressent comme une pression. Quand elle se montre blessée par sa froideur, son manque d'attention, il vit ses larmes et sa plainte comme une contrainte de plus ou de trop. Déjà, qu'il avait le sentiment de se sacrifier, de s'oublier pour lui faire plaisir , si en plus, sa réaction le culpabilise, il explose alors de colère. Et c'est là qu'il se mure dans le mutisme pour plusieurs jours, le temps de faire le tri dans ses sentiments et de s'apaiser.
2.2. La croyance que l'amour doit être exempt de conflits
Une relation amoureuse équilibrée suppose qu'il y ait une complémentarité mouvante entre les différences des partenaires, c'est-à-dire que chacun peut compter sur l'autre, que chacun peut trouver en lui la force d'être là pour l'autre, qu'il y a une alternance dans les positions occupées par chacun. Ce n'est pas toujours le même qui est la locomotive du couple et donc son moteur. Cet équilibre vivant s'oppose à la dynamique d'une relation de type dominant-dominé où la pseudo-harmonie est obtenue au prix de la soumission de l'un aux désirs de l'autre. L'absence de conflits n'est alors que d'apparence, tout au moins pour l'un des partenaires, qui s'oublie, qui néglige d'entendre sa réalité interne et son mal-être pour éviter de faire des vagues. Mais également pour l'autre partenaire qui est, en quelque sorte, dupé puisqu'il est maintenu dans le leurre de satisfaire pleinement l'autre. La relation ne peut atteindre une véritable profondeur que si chacun trouve la sécurité nécessaire pour oser mettre en mots ce qui lui tient à cœur, pour être authentique. Supporter d'être transitoirement en désaccord est une condition nécessaire pour ne pas subsister à la surface des choses, pour rencontrer réellement l'autre.
C'est une erreur fondamentale de croire que l'amour est incompatible avec les conflits. L'amour dans son essence se situe en ce point de divergence précisément parce que la personne, en prenant le risque de peut-être déplaire, réaffirme dans le même temps sa confiance en son interlocuteur, en sa compréhension, en sa sollicitude. Dans ces moments où l'écoute doit primer, la difficulté est de quitter l'égotisme et de se maintenir dans une attitude altruiste afin d'être capable d'entendre vraiment ce qui est et ce dont l'autre a besoin et non l'écho de nos propres peurs ou le résultat de nos projections. La volonté réciproque d'être présent l'un pour l'autre, de le mettre au centre de nos préoccupations, de le chérir comme le plus précieux des trésors est ce qui permet de dépasser tous les obstacles et de s'unir vraiment.
Aimer est un don total de soi et ce n'est pas facile parce que tous nous portons des cicatrices de douleurs anciennes et que nous redoutons de souffrir encore. Les seuls conflits qui entravent l'amour sont ceux que nous avons avec nous-même et que nous refusons d'affronter parce qu'ils nous déstabilisent, qu'ils nous obligent à revoir nos repères et nos valeurs et que cette confrontation avec soi-même est parfois vertigineuse... Or, le conflit avec l'autre est justement ce qui permet de dépasser nos limites et d'aller vers plus de véracité. Le conflit est salvateur pour peu que nous soyons honnête vis-à-vis de l'autre et de nous-même, sans quoi le malaise prend prétexte de tout et n'importe quoi et nous nous heurtons sur des peccadilles sans que le noyau émotionnel qui en est la source ne soit atteint. Au final, aimer c'est prendre soin de soi en prenant soin de l'autre, c'est aller à la découverte de soi-même en découvrant l'autre, c'est aussi se donner la chance de croître en lui permettant de s'épanouir.
2.3. La phobie de l'engagement
Il est possible que les comportements passifs-agressifs soient une des conséquences d'une phobie de l'engagement, que celle-ci soit consécutive à une rupture amoureuse traumatique ou qu'elle semble "constitutionnelle". Même si dans le premier cas, la tragédie qui a marqué l'histoire du sujet est évidente, ce n'est pas pour autant qu'elle est absente dans le second. De plus, on peut supposer que c'est parce que cet événement réactualise une blessure narcissique plus ancienne qu'il est aussi douloureux. Puisque le phobique pose plus ou moins consciemment l'équation suivante : s'engager, c'est risquer de souffrir", on comprend que le pattern d'une catastrophe mal surmontée colore tous les échanges et qu'il réveille une conflictualité intolérable.
Dans les premiers temps de la relation amoureuse, l'angoisse est évitée par un clivage du moi (le trauma est maintenu à l'écart du souvenir et des pensées) et par un clivage de l'objet (l'autre en psychanalyse) qui se traduisent dans l'idéalisation du partenaire, dans le fantasme de former un couple exceptionnel au sein duquel le sujet est à l'abri des dangers. Chacun se mire dans le regard de l'autre. La passion se nourrit de cette émulsion. Tant que le miroir est flatteur, le narcissisme est préservé et tout va bien. Mais la perfection n'est pas de ce monde, et, tôt ou tard, le reflet s'approche de la réalité, jusqu'au moment où elle impose la désillusion. C'est un moment de déception intense qui, chez le phobique, enclenche les processus inhérents à sa névrose, sans qu'il puisse ouvrir la relation à l'amour véritable, où l'autre est accepté comme différent, avec ses qualités et ses défauts. Il n'y a pas ou plus d'accès à l'altérité parce que les défaillances de l'autre sont automatiquement perçues comme pouvant conduire à une impasse et non pas comme des potentialités de croissance.
Ainsi, l'étude des caractères des symptômes névrotiques autorise à voir dans les difficultés conjugales, à la fois, une tentative pour remettre le traumatisme en valeur, pour le revivre et le métaboliser et, à la fois, la conséquence des inhibitions (par exemple : la difficulté à s'affirmer) et des évitements phobiques (absence de projets de couple). Ces deux effets du traumatisme sont appelés "automatismes de répétition" (cf. article sur la genèse des névroses). Dans cette optique, on peut se demander si le partenaire ne serait pas victime d'inductions génératrices de conflits dont le phobique se dédouanerait en les portant au compte de l'autre, ce qui préserve son image, mais aussi victime de cette paradoxalité d'un trauma qui ne parvient pas à s'inscrire pas dans le passé. Par ailleurs, il faut souligner que les symptômes névrotiques sont éprouvés avec une telle intensité psychique que les processus de pensée adaptés à la situation ne sont plus opérants, la rationalité n'a plus de prise. La réalité interne supplante alors la réalité externe.
Le phobique de l'engagement est dans une ambivalence extrême entre s'investir et fuir, entre la peur de se risquer ou le sentiment de passer à côté de la vie. Il désire rencontrer l'autre mais il est terrorisé à l'idée d'être affectivement dépendant de sorte que les difficultés conjugales sont vécues comme un hiatus qui provoque son retrait. Ce repli narcissique est un leurre parce que jamais l'indépendance à l'égard de l'objet n'est totale si bien qu'il faut se résoudre à quitter l'isolement et à investir à nouveau... La machine est relancée pour un tour... mais à chaque fois, elle s'essouffle un peu plus ; à chaque réédition, c'est l'abaissement plus des tensions internes que des tensions externes qui est recherché et que trahit le désir de non désir. Toujours déçu, le sujet dénie tout potentiel réparateur à tout objet, de sorte que , sans direction pour le désir, la désintrication entre les pulsions de vie (construction) et les pulsions de mort (destruction) s'amplifie. En ce sens, la passivité du phobique de l'engagement constitue un passage à l'acte hétéro- et auto-agressif !
2.4. Un désordre narcissique
Le développement libidinal et la construction narcissique ne sont jamais achevés. Ils s'étayent tout au long de notre existence l'un sur l'autre si bien que le pattern d'un trauma ou de plusieurs marque à la fois la constitution de l'objet et à la fois les fondations du sujet. C'est ainsi que le trauma affecte aussi bien la relation à l'autre que le narcissisme. Chez tout patient, il nous faut considérer un modèle de double conflit psychique, c'est-à-dire que le conflit objectal et le conflit narcissique sont complémentaires, s'attisent mutuellement. En thérapie de couple, il importe de ne pas négliger que les conflits de chacun peuvent entrer en résonance, amplifiant par là-même les symptômes mais aussi que, lorsqu'ils se font écho, ils instaurent un équilibre dysfonctionnel au sein duquel chaque partenaire tire des bénéfices secondaires qui pourront faire obstacle aux remaniements nécessaires.
Le conflit objectal concerne l'opposition entre le désir et les interdits, entre la satisfaction et les exigences de la vie en société. Le conflit narcissique se situe au niveau de moi - cette instance psychique qui remplit la fonction de contenance, tant de sa propre angoisse que de l'autre, objet du désir. Eiguer (2003) recourt au concept de narcissisme-cadre à ce propos, : "Le narcissisme-cadre évoque le négatif, un abandon nécessaire, un espace potentiel, pour nous ouvrir à la relation pleine avec l'objet" (p. 38). Selon lui, tous les tableaux cliniques sont surdéterminés par un désordre narcissique (p. 174). Ceci est particulièrement important dans les problématiques de couple. En effet, "Le conflit narcissique infléchit économiquement les données conflictuelles objectales, en accentuant leur gravité, en poussant à la répétition, en surdéterminant les résistances, mais parfois il est la cause même du trouble : notamment lorsque l'appareil à penser ne remplit plus le travail de liaison, de métabolisation ou de recyclage pare-excitant des émotions. Dans ce dernier cas, les angoisses de persécution, d'engloutissement et de morcellement règnent en despotes commandités par Thanatos" (p. 176)
Autrement dit, lorsque la fonction contenante du penser/fantasmer est dépassée pour prendre en charge les émotions, le fonctionnement psychique ne s'effectue plus sur un registre oedipien de résolution des conflits mais en-deçà, sur un mode schizo-paranoïde. Le principe de réalité n'a plus la primauté, ce qui importe c'est la décharge de la tension, c'est quasiment une question de survie. Les mécanismes de défenses sont alors principalement la projection, l'identification projective, le déni, le clivage. La culpabilité est outrancière ; le sujet se juge bien plus sévèrement que ne le fait l'objet, c'est pourquoi plutôt que d'être rejeté, il rejette, plutôt que d'être mutilé, il détruit.
2.5. Des défenses perverses
Certains agirs pervers sont à comprendre comme des modalités défensives et ne sont pas à assimiler à la structure perverse. Dans cette dernière, ce qui est recherché c'est la jouissance alors que la défense est érigée comme parade contre l'angoisse. La défense perverse peut ainsi se définir comme un mécanisme de dégagement qui permet à l'un de se sentir mieux aux dépens du bien-être d'un autre. On distingue diverses sortes d'agirs pervers :
- l'induction intersubjective : le sujet provoque des sentiments, des actes, des réactions ou, au contraire, il les inhibe ; celle-ci est d'autant plus aisée que le déni et les projections de l'un rencontrent chez l'autre une confiance en soi insuffisante ou bancale, une tendance à la culpabilisation, etc.
- la déprédation morale qui consiste à puiser dans les qualités psychologiques, la joie de vivre, l'intensité émotionnelle, les capacités à rêver et les connaissances d'autrui. Il importe que la victime conserve ces facultés sans quoi elle devient inutile et encombrante, voire même persécutrice. C'est une sorte de vampirisme affectif.
- la disqualification du lien créé en faisant croire que c'est uniquement l'autre qui le sollicite, qui est dépendant, qui idolâtre. L'attachement est nié mais la relation est maintenue par différents moyens.
- la perplexité et la confusion sont entretenues par la non-désignation et l'incertitude quant à une faute qui n'est jamais nommée mais qui pourtant paralyse le mouvement amoureux.
- la paradoxalité est particulièrement utilisée dans la communication (mais pas seulement). Entre les messages verbaux et le langage non verbal, les contradictions sont patentes mais impossibles à dénoncer parce qu'il est interdit de remettre en cause la logique de l'autre.
3. La spirale infernale dont le couple est victime
Aimer c'est prendre ce qui est bon chez l'autre mais aussi ce qui l'est moins, c'est tenir compte de ses fragilités et lui pardonner ses failles. C'est avoir de la considération pour ses forces et mettre du baume sur ses blessures. Aimer implique d'être actif, d'aller au-delà des apparences et de chercher à connaître l'autre. Voilà le piège dans lequel tombe la compagne du passif agressif lorsqu'elle tente de le comprendre et qu'elle lui offre de confronter ses suppositions, ses interrogations ou ses hypothèses et qu'elles résonnent chez lui mais qu'au lieu d'une prise de conscience salvatrice pour le couple, cela ne fait que renforcer les résistances.
Donner au sujet passif-agressif une interprétation de ses comportements est dangereux et génère une spirale infernale pour plusieurs raisons. D'une part, c'est rentrer dans une intimité si grande avec lui qu'elle pourrait être insupportable, tellement elle toucherait la sensibilité d'un être écorché vif, qui pourrait être de ce fait la proie de ses émotions, qui redoute d'être débordé et de perdre à nouveau le contrôle. D'autre part, cela peut être ressenti comme une dépossession de soi, avec le risque que cette déplétion narcissique entraîne une lutte à ce niveau et qu'il devienne en quelque sorte vital pour colmater les brèches de prouver à l'autre qu'il est dans l'erreur, qu'il n'a rien compris. C'est comme si pour se préserver il fallait être insaisissable, toujours ailleurs et surtout sortir victorieux de cette espèce de jeu de cache-cache morbide, comme si être découvert signifiait être sous l'emprise de l'autre et non pas simplement aimé. A noter que Eiguer différencie l'emprise régressive qui s'attaque aux sources de vie psychique de l'autre et l'emprise fonctionnelle qui "est sensible au fait que l'autre est à choyer car il offre une satisfaction au sujet" (p. 76).
On peut aussi penser que ces sujets peinent à occuper la position "et si c'était vrai ou juste..." qui permet d'adopter un autre point de vue, d'éventuellement douter de soi et de changer. Ils s'accrochent à des positions objectivantes, réalistes et concrètes. Des faits tangibles ils tirent des vérités qui concernent la sphère intra-psychique, sans s'ébranler de cette confusion de registre.
4. Les voies à explorer pour sortir de l’impasse
Il faut privilégier à tout prix la communication non violente, c'est-à-dire celle qui a pour but de décrire votre ressenti, face à un comportement précis et d'émettre des propositions de solution. Ce n'est pas la personne qui est en cause mais sa façon d'agir.
Si votre relation de couple n'est pas encore à bout, une thérapie conjugale est vivement préconisée. Même si la passivité agressive est manifestement du fait de votre conjoint, il est conseillé que vous acceptiez tous les deux de vous mettre en question. D'une part, cela permet d'épargner un peu la fierté de votre partenaire et d'autre part, cela vous permet d'être mieux outillée pour l'aider mais aussi pour ne pas attiser inutilement ses difficultés. Partez du principe qu'une relation de couple se construit à deux et que si elle va mal il est bon de s'en occuper ensemble.
S'il vous semble qu'il est trop tard pour entrevoir une issue à deux, alors consultez seul(e). Une psychothérapie cognitivo-comportementale devrait donner de bons résultats sans qu'il soit nécessaire pour ne pas reproduire indéfiniment le même scénario de passer des années sur le divan. Par contre, si vous n'en obtenez pas les fruits escomptés et/ou que vous êtes curieux de mieux comprendre ce qui se passe en vous, tournez-vous vers l'approche psychanalytique.