Coeur en jachère
Posté : ven. 26 nov. 2010 10:25
Est-il possible d’ouvrir un magazine sans être agressé par des images de couples heureux, la publicité d’agences de rencontres ou matrimoniales : « Ce que c’est bon d’avoir sa femme à soi », « Encore seul (e) ? » et autres 3615 NOUSDEUX ?
Y a-t-il un bon film qui n’ait pour trame une histoire d’amour, une pub qui ne tente de vendre un quelconque produit sans faire valoir le plaisir de le consommer à deux ?
Est-ce une maladie d’être seul, une infirmité que de tenir à le rester ?
Etre deux, c’est quoi au juste ? S’imprégner de l’autre ? L’imprégner de soi ? Le but, c’est quoi ? Une fusion ? Ne plus faire qu’un ? Ne dit-on pas « ma moitié » ? L’avoir trouvée ne revient-il pas à se retrouver seul au bout du compte ? Seul, mais schizoïde ? Avec sur tout deux avis contradictoires, sinon en décalage ? Seul, mais avec deux familles, la notre propre qui supporte à peine notre moitié, et celle de la moitié, la « belle » qui ne nous supporte pas.
Seul au point de perdre la conscience de l’autre, tenir pour acquis ce qu’on attend de l’autre, ne penser à l’autre qu’en pensant à soi, l’englobant dans un « nous » ; « nous » pensons que ; « nous nous » demandions si ; pas de ça chez « nous ».
Aspirations de couple, se réveiller dans la moiteur de l’autre, s’émerveiller du désordre de sa mise, de la douleur dont il s’enfante au réveil avant son café matinal. Touchants détails de la vie à deux, autant de causes majeures qui dissoudront le couple demain, chacune des deux moitiés s’arrachant à l’autre pour ne faire des plus qu’uns amoindris, amputés.
Vivre seul, quel repos. Quel ennui aussi. Mais quelle ivresse !
Ivresse, comas éthylique dans l’alambic du désir sans objet. Fantasme, visite nocturne de délicieuses succubes, fantômes des amours passés, idéales compagnies. Objets de prédilection qui ont figures et noms, qu’à loisir on peut tirer du linceul pour les animer et en revivre ou inventer le meilleur.
Parfois les amours mortes ont le goût de la cendre, parfois aussi l’éther s’effiloche, lambeaux, usures des nuits avides, usures des rêves sans trêve.
L’onirisme insatiable demeure insatisfait. Amours mortes, regagnez la cohorte des ombres, le vampire a faim de chair fraîche.
Trouver l’inspiration, emprunter à l’innocent un visage, des gestes, un regard et en faire sa chose le temps de trouver la paix, onanisme saturé, cœur vide, corps repus.
Etre seul, est ce un drame ? L’ascèse a ses tourments.
Trouver l’autre, son double, celle ou celui qui aspire au même mal. Avoir peur du possible, porte ouverte à tous les chaos.
Ce double qui jaloux de sa liberté n’entraverait pas la notre, ne souhaitant rien de concret, de routinier, de quotidien. Glisser, ne pas peser, ne pas se poser pour ne pas s’opposer. Ce double sans habitude, surprise continuelle, sempiternelle première rencontre. Pas de formel, rien d’officiel. Pas une moitié, un double à part entière, qui se prête, ne se rend pas. Et qui, la partie finie, gagnée ou perdue, ramasse ses billes et rentre chez lui sans que son départ ne soit une épreuve, sans laisser un vide, sans heurt, sans dépit et sans regret.
Ce double dont on ne dégrade pas l’intégrité, qu’on n’assimile pas.
1+1=2, c’est beau mais qu’il soit permis en dépit de toute arithmétique qu’ 1-1 ne soit plus égal à 0.
Avoir le cœur frileux, un cœur en jachère mais garder pour autant l’espoir de récoltes sans semailles. Ne rien attendre, ne rien demander. Juste donner et recevoir sans tenir de comptes dans un noir cahier. Ne plus être dans l’expectative, juste dans des bras, le présent et c’est tout !
Y a-t-il un bon film qui n’ait pour trame une histoire d’amour, une pub qui ne tente de vendre un quelconque produit sans faire valoir le plaisir de le consommer à deux ?
Est-ce une maladie d’être seul, une infirmité que de tenir à le rester ?
Etre deux, c’est quoi au juste ? S’imprégner de l’autre ? L’imprégner de soi ? Le but, c’est quoi ? Une fusion ? Ne plus faire qu’un ? Ne dit-on pas « ma moitié » ? L’avoir trouvée ne revient-il pas à se retrouver seul au bout du compte ? Seul, mais schizoïde ? Avec sur tout deux avis contradictoires, sinon en décalage ? Seul, mais avec deux familles, la notre propre qui supporte à peine notre moitié, et celle de la moitié, la « belle » qui ne nous supporte pas.
Seul au point de perdre la conscience de l’autre, tenir pour acquis ce qu’on attend de l’autre, ne penser à l’autre qu’en pensant à soi, l’englobant dans un « nous » ; « nous » pensons que ; « nous nous » demandions si ; pas de ça chez « nous ».
Aspirations de couple, se réveiller dans la moiteur de l’autre, s’émerveiller du désordre de sa mise, de la douleur dont il s’enfante au réveil avant son café matinal. Touchants détails de la vie à deux, autant de causes majeures qui dissoudront le couple demain, chacune des deux moitiés s’arrachant à l’autre pour ne faire des plus qu’uns amoindris, amputés.
Vivre seul, quel repos. Quel ennui aussi. Mais quelle ivresse !
Ivresse, comas éthylique dans l’alambic du désir sans objet. Fantasme, visite nocturne de délicieuses succubes, fantômes des amours passés, idéales compagnies. Objets de prédilection qui ont figures et noms, qu’à loisir on peut tirer du linceul pour les animer et en revivre ou inventer le meilleur.
Parfois les amours mortes ont le goût de la cendre, parfois aussi l’éther s’effiloche, lambeaux, usures des nuits avides, usures des rêves sans trêve.
L’onirisme insatiable demeure insatisfait. Amours mortes, regagnez la cohorte des ombres, le vampire a faim de chair fraîche.
Trouver l’inspiration, emprunter à l’innocent un visage, des gestes, un regard et en faire sa chose le temps de trouver la paix, onanisme saturé, cœur vide, corps repus.
Etre seul, est ce un drame ? L’ascèse a ses tourments.
Trouver l’autre, son double, celle ou celui qui aspire au même mal. Avoir peur du possible, porte ouverte à tous les chaos.
Ce double qui jaloux de sa liberté n’entraverait pas la notre, ne souhaitant rien de concret, de routinier, de quotidien. Glisser, ne pas peser, ne pas se poser pour ne pas s’opposer. Ce double sans habitude, surprise continuelle, sempiternelle première rencontre. Pas de formel, rien d’officiel. Pas une moitié, un double à part entière, qui se prête, ne se rend pas. Et qui, la partie finie, gagnée ou perdue, ramasse ses billes et rentre chez lui sans que son départ ne soit une épreuve, sans laisser un vide, sans heurt, sans dépit et sans regret.
Ce double dont on ne dégrade pas l’intégrité, qu’on n’assimile pas.
1+1=2, c’est beau mais qu’il soit permis en dépit de toute arithmétique qu’ 1-1 ne soit plus égal à 0.
Avoir le cœur frileux, un cœur en jachère mais garder pour autant l’espoir de récoltes sans semailles. Ne rien attendre, ne rien demander. Juste donner et recevoir sans tenir de comptes dans un noir cahier. Ne plus être dans l’expectative, juste dans des bras, le présent et c’est tout !