Bonjour.
Témoignage bouleversant de notre ami...
L'occasion pour moi de revenir sur des idées "reçues" et souvent limitées (laminées ?) dans leur fougue par la barrière du réel...
Propos liminaire : tout d'abord, Lili, il ne s'agit pas ici d'une attaque contre ta vision des choses, mais d'un apport complémentaire nourri en premier lieu des témoignages (souvent difficiles, parfois atroces) des personnes du site venues nous conter leurs mésaventures...
Ensuite, pardon si je suis un peu technique et si les liens hyper-texte fusent de toutes parts, mais il me semble qu'il y a une certaine doxa insupportable représentée par certains courants de pensée (je ne parle pas de Lili mais de certains "thérapeutes" et autres "développeur personnels") qui ne font que renforcer les inégalités au sein des couples et ringardisent le couple "construit" au profit d'un "soi" magnifié qui, paradoxe des paradoxes, ignore, voire méprise un "soi" qui se voudrait romantique : avantage au plus volage des deux.
La société s'offusque en public mais se délecte en privé des "écarts con jugaux" dans une imposture qui ne dit pas son nom (ce qui est au final très cohérent).
On considère la "fidélité" comme une
valeur à préserver et dans le même temps, sous l'effet d'une
schizophrénie de masse, on se "libère" du "carcan" de la monogamie... Dixit madame Gleeden.
Rien qu'un exemple de piège à con : "IL vous a trompé ? Interrogez-vous sur ce que vous ne lui apportez plus..."
Super : on essaie avec un pervers narcissique et on voit ce que la victime n'apporte plus à son bourreau. De même avec un addict sexuel (à quelque exception près) et autre Don Juan...
Bernard Weber écrivait "Ne t'attaque pas au système, démode-le !" Il semblerait qu'aujourd'hui, malgré une bienséance de surface, l'Amour "romantique" (de type monogame et se construisant sur la durée) ne soit plus vraiment "
à la mode"...
Société de consommation amoureuse oblige.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 La fidélité est un concept différent pour chacun.
Il y a effectivement des
jaloux pathologiques pour qui un simple regard, une pensée, peut-être une tromperie...
Il est aussi des "définitions" de ce que peut être l'infidélité qui varient d'une personne à l'autre, et, par conséquent d'un couple à l'autre. Pensons notamment aux polyamoureux qui contractualisent la multiplicité d'abord sentimentale puis sexuelle, comme conséquence l'une de l'autre, puis aux échangistes qui n'autorisent (et sous "contrôle affectif") que les débords sexuels et enfin (mais
le tableau est loin d'être complet ici) à certains libertins qui s'ordonnent de s'hors donner hors la vue de l'autre...
De ce constat ne doit pas naître de
relativisme qui perd la pensée dans des fils romantiques sans attache avec le réel :
dans tous les cas de figure, tous, est tromperie ce qui est d'abord caché comme l'explique
Christophe Fauré dans son livre "Est-ce que tu m'aimes encore ?".
(NB : Je dirais moi non pas ce qui est "caché" mais "dissimulé" - nuance comprise par moi seul sans doute...
)
Cela invalide la théorie de manque de communication sur le sujet dans le couple : en effet,
lorsqu'un cf dissimule une relation avec une tierce personne, il SAIT qu'il trompe (sinon, il ne cacherait rien).
Dans ce cas précis, la question de savoir ce qu'est une tromperie est un errement conceptuel qui ne sert qu'à camoufler la réalité, atténuer artificiellement l'erreur du trompeur :
Le couple formé par Mr Pomme et sa "belle bête" n'est ni polyamoureux, ni libertin, ni échangiste (du moins il ne se définit pas ainsi à l'origine de sa création).
Dire alors que la fidélité est "différente pour chacun" n'a de sens que lors de la rencontre. Ensuite, le "contrat initial" peut se renégocier.
Tout ce qui échappe à la mythologie du couple est donc tromperie.
J'irai même plus loin au vu des témoignages qui s'accumulent sur le site :
est tromperie tout ce que l'autre ne supporterait pas qu'on lui fasse !
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 L'empathie doit être un outil de réflexions qui permet à chacun de partager son expérience et ses émotions pour trouver une solution afin de restaurer une relation saine et épanouie.
C'est un partage dans la bienveillance et la volonté d'aider les deux parties, pas un sens unique de compréhension de l'autre, ou on revient à s'oublier, relation sens unique . .. et toxique.
Tout à fait. Il n'y a pas d'empathie dans les échappées belles.
Le trompeur ne pense qu'à lui et pas au couple.
L'occasion pour moi de dire que les infidélités pour cause d'usure du couple sont de plus en plus rares (type 1) et que celles pour cause d'une personne qui use le couple (type 2) se multiplient dans un contexte de libéralisation des moeurs et des désirs que l'on confond de plus en plus avec des besoins dans une société de l'adulte tyran, objet d'une forme de "
capitalisme amoureux" comme l'exprime si bien la sociologue
Eva Illouz .
Les
statistiques sont éloquentes à ce sujet : on ne trompe plus
parce qu'on est malheureux en couple...
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 Vivre cette expérience de trahison en début d'histoire est plus traumatisant, parce qu'on est dans la cristallisation, l'idéalisation de l'autre, l'illusion de la fusion.(...) Et je maintiens, que même si l'amour ne fait pas tout, il peut survivre, tel un jeune rameau brisé, qui se ramifiera plus solide et vigoureux de multiples nouvelles pousses, parfois bien mieux qu'un vieux couple, dont le compagnonnage et l'ennui ont flétri de lassitude, leur dernière floraison.
Je maintiens pour ma part que les sorties de route en début de parcours n'augurent rien de bon pour la suite et ce pour au moins trois raisons. La première est bio logique. La seconde psychologique. La troisième "statistique" (et basée sur le cumul d'expériences):
1) Au début d'une histoire, le couple est dans une période d'enchantement, de recherche de l'autre, de "fusion". C'est ce que le spécialiste des couples
Yvon Dallaire nomme la période de "
lune de miel" (qui, dans les représentations communes et littéraires "dure" trois ans...
).
Pendant cette période toute intrusion est vécue comme une menace. Or, si une tierce personne parvient à se mettre en l'arbre et l'écorce, c'est que les sentiments sont factices.
Je vais même prendre un extrême : une personne libertine, lorsqu'elle souhaite installer une relation longue avec une autre personne, se déclare libertine, tente de l'amener à ces plaisirs de la chair qu'elle aime tant afin... De les partager !!! (Les "polys" considèrent par ailleurs les "monogames" comme des
hypocrites...
)
Comme le dit l'adage populaire, qui peut le plus peut le moins. Et lorsqu'on n'est même pas capable du moins (se dire OU rechercher la "fusion" des débuts, dans un cadre monogame) cela indique une funeste suite pour la solidité de l'édifice amoureux. Puisque la base n'est pas là.
2) Construire sur un traumatisme sape sérieusement la "confiance". Or, si en plus de devoir gérer le virage du passage de la passion à l'amour stable, il faut gérer la peur des glissements de l'autre, cela donne un couple inquiet, peut-être vivant mais terré dans les questionnements qui paralysent, tétanisé, sans
foi...
Le mot même de
fidélité d'ailleurs vient étymologiquement du mot "foi"... (et accepte dans son champ sémantique "constance", "exactitude", "vérité", "sincérité"...)
Or, pour réussir le pari monogame, il faut y
croire... Mais comment "croire" en ayant eu la
preuve irréfutable qui contredit ce à quoi l'on aspire ?
Des débuts ravageurs, qu'on le veuille ou non, orientent de toutes les manières,
la façon "d'aimer", fut-elle biaisée et sans consistance romantique : la survie, ainsi fonctionne le cerveau, prend le pas sur les "raisons" du coeur, comme souvent...
3) Statistiquement, "chien qui a mordu mordra".
Lorsque l'infidélité se produit en début de relation, elle s'accompagne souvent (pas toujours, mais trop souvent) d'une récidive.
Parce que la personne qui trompe trouve l'autre toujours insuffisant, parce que la personne qui trompe est enfermée dans un carcan affectif dont elle ne peut sortir, parce que la personne qui trompe n'assume pas sa "polygamie", parce que...
Et là je quitte la théorie pour embrasser la "pratique", l'expérience dans tout ce qu'elle a de plus violent ... témoignages :
viewtopic.php?f=40&t=3728#p58004
Attention : je ne dis pas que la "reconstruction" en début de parcours est impossible. Je dis juste : oui, mais savez-vous à quoi vous vous exposez ?
Comme me le disais justement un ami de ma cf de femme "j'ai toujours pensé qu'il FALLAIT que l'un des deux change pour la survie du couple, j'espérais que ce serait elle".
Mais pas de changement sans "thérapie" (peu importe le sens que l'on donne à ce mot tant qu'il respecte la notion de parcours au centre de soi : qu'est-ce que je VEUX, qu'est-ce que j'accepte ou pas, qui est-il/elle ?).
Les démons de l'inconscient sont plus forts non pas que l'amour, mais que l'amour d'un seul.
Comme l'a exprimé quelqu'un de sage :
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 Si une relation amoureuse n'amène plus que cela, c'est qu'elle est insécure, si elle est insécure, c'est qu'il y a manque de confiance et peut-être manipulation ou pas assez d'efforts ou de persuasion pour la restaurer.
La souffrance chronique relationnelle traduit une relation toxique ... ou autre pathologie.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37L'état amoureux est un enfant ... un désir fou et indomptable, l'amour est un adulte. .. il devient mature et responsable. .. il devient sentiments.
Tout à fait.
Il n'y avait pas ici d'amour puisqu'il n'y avait pas d'authenticité...
Au mieux, il y avait un
mal amour.
Au pire, une passade inconsistante.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 Quelques soient nos amours, ils doivent rester bienveillants.
Mais surtout partagés et épanouissants.
Je plussoie. C'est ainsi, en creux, que l'on reconnaît les rapports pervertis dans les écrits des "cocus" venus s'échouer ici.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 Mais tu sembles si amoureux de ta Belle, aimes là, écoutes là. .. laisses toi le temps de lui refaire confiance, regardes les actes et non les mots.
Les actes ont parlé. Ils parlent dès le début.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 L'erreur est humaine et ne pas apprendre d'elle est la vraie erreur.
Pour ma part j'ai appris de la vie des autres sur le site.
Ils m'ont corrigé, éprouvé, je les en remercie.
lili223 a écrit : ↑mer. 19 juil. 2017 01:37 N'oublies pas que la personne la plus importante à chérir c'est toi, et la frontière du respect de l'autre, c'est l'oubli de soi.
Merci Lili pour ces échanges.
Il n'y a pas, je pense, désaccord de fond...