milo91 a écrit : ↑mer. 30 déc. 2020 17:06
Hello SP, tu peux développer un peu stp?
Salut Milo.
Je sais bien sûr que tu connais parfaitement l'expression "talon d'Achille" mais je souhaite te remettre ici l'origine de cette définition pour faire ressortir un point qui pourrait être signifiant (ou pas). Et pardonne-moi d'avance de retrouver un peu de moi en toi, dans ton histoire...
"Le talon d’Achille désigne tout simplement le point faible d’une personne, en référence à l’histoire d’Achille, héros de la mythologie grecque. A sa naissance, sa mère Thétis trempa l’enfant dans les eaux du Styx, réputées pour rendre invulnérable. Cependant, pour le plonger dans le fleuve, elle le tenait par le talon. C’est à cause d’une flèche empoisonnée reçue dans la seule partie vulnérable de son corps qu’Achille mourut."
Je trouve que l'expression talon d'Achille parle mieux de nos états psychologiques qu'une description un peu trop englobante.
D'après les psys, d'après soi-même, on est "forts" ou "faibles"... Je crois pour ma part qu'on peut être globalement fort et avoir des faiblesses... délétères.
Je vais faire un détour :
A)
Ivan est fils d'alcoolique. Pour "tout le monde", l'alcool est synonyme de fête et de convivialité; pour lui, c'est plutôt synonyme de chaos, de défaillance paternelle, de maltraitance. Ivan n'a jamais touché une goutte d'alcool. Jamais. Cependant, il vit ce "choix" non pas de façon sereine, mais avec la peur au ventre : celle de ne pas ressembler à son père. Il a raison et tort à la fois. Raison parce que l'alcool, bien sûr, tue et cause de graves dégâts. Mais tort aussi parce qu'il ne sait pas ce que peut être un rapport "normalisé" à l'alcool. Il ne l'a jamais su. Sur cette question précise, et pas ailleurs, son rapport aux autres est marqué par des réactions que la plupart des gens trouvent disproportionnées.
B)
Joni est fille de droguée. Son enfance a été bien chahutée. Dans le chaos familial, elle a dû prendre sur elle pour maintenir tout son petit monde à flot alors que ce n'était pas à elle de le faire... De fait, elle trouve que seule la perfection est normale et que la normalité est une tare. C'est tout ou rien. Et c'est souvent rien. Son rapport à la drogue est rationnel : la drogue cause bien des dégâts. Mais son rapport au monde l'est moins : étrangement, habituée à "bouffer de la merde affective" au quotidien, elle pense que la maltraitance est "normale"...
C) Hugo est ce qu'on appelle un "
enfant béquille" : au lieu d'être l'objet d'attention de ses parents, ce sont ses parents qui ont été l'objet de son attention. Habitué à exister "pour l'autre", ses relations amoureuses se résument à jouer le rôle d'un "sauveur". Mais s'il y a un sauveur, c'est qu'il y a quelqu'un à sauver... et nécessairement un bourreau à vaincre. Or, les relations humaines ne se construisent pas toujours sur ce triptyque. Il lui faut donc rechercher quelque part soit une âme à sauver, soit un ennemi à combattre. Et au milieu de tout, jamais il n'a eu idée qu'il pouvait se sauver lui-même car il est sa propre victime...
D) Milo...
milo91 a écrit : ↑mer. 30 déc. 2020 17:06
Je ne sais pas si cela doit être perçu comme une faiblesse mais je n'ai jamais voulu reproduire ce qui a été fait avec moi enfant :
- Rejet
- Humiliation
- Violences
- Séparation
- Mensonges
- Manipulations
Alors Milo a tellement peur de ressembler à ses parents qu'il en oublie peut-être de se faire respecter.
Non, le rejet n'est pas forcément une mauvaise chose. Elle l'est quand il s'agit d'un rejet des bonnes choses, pas quand il faut mettre à distance la merde.
Oui, l'humiliation c'est ce qu'il peut y avoir de pire. Mais dans ce cas, il ne faut pas l'accepter pour soi non plus.
Oui, la violence c'est atroce. Alors il faut parfois avoir le courage de la mettre à distance (la rejeter sans penser qu'on rejette un enfant) pour ne plus la subir et cela signifie parfois envisager une séparation.
Non, la séparation n'est pas forcément une mauvaise chose. Celle des enfants oui, celle d'un conjoint mal fini non.
Le mensonge est une tare. Certes. Mais ce n'est pas parce que soi-même on y est allergique que les autres n'y trempent pas.
Mais le pire, je crois, c'est quand on se ment à soi-même. Parce que ce n'est pas considéré comme un mensonge...
La manipulation... A bannir. Et pourtant, toute approche amoureuse en est une : on se montre sous son meilleur jour, on est "un peu plus" que ce qu'on est au quotidien... L'éducation est une forme de manipulation positive lorsqu'elle repose sur de bons principes. La manipulation permet d'obtenir des informations capitales pour sa vie parfois...
Dans le chaos, il a fallu à tracer des lignes droites, seul. Elles sont plus solides que la moyenne mais risquent de casser, non pas de l'extérieur, mais si l'attaque vient de l'intérieur.
milo91 a écrit : ↑mer. 30 déc. 2020 17:06
Mais ce qui est sur c'est que je n'ai jamais vu ceux qui me l'ont infligé subir les foudres divines de la vie...
"La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien."
Edmund Burke.
Alors au final : est-ce une invitation à tout envoyer balader, à devenir cynique ? Violent ?
Absolument pas !
Je t'invite juste à soigner ton talon, le reste viendra après.
E) Pour l'anecdote, je vais me livrer un peu. Archives :
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