Encore aujourd'hui, il semble que la femme que j'aimais n'ait eu que ce défaut, majeur, certes: tromper tous ceux qui lui ont tout donné. Ses ex, ses employeurs lui reconnaissent tous ce trait.
Elle a refait sa vie avec son amant, dont elle attend un enfant - alors que nous ne sommes même pas encore divorcés, suite à nos difficultés à aborder le sujet sereinement, bien que nous soyons d'accords sur le principe (seules les causes posent problème, mais en cours de résolution rapide, j'espère). Elle aura vraisemblablement cet enfant avant notre divorce... portera t'il mon nom... ira t'on jusqu'à me demander si je le reconnais comme étant mien... dois-je déclarer ne pas être le père...
Et aujourd'hui, seul devant mon écran, le blues revient. La dépression est terminée, mais cette peur de ne plus pouvoir aimer, de ne plus être en mesure de donner ma confiance une deuxième fois si j'aimais, d'être trompé à nouveau par une personne qui me semble pourtant être la plus fidèle au monde et à qui j'aurais tout redonné, ces peurs semblent insurmontables 2 ans après. Car je ne pourrais repasser par cette épreuve et être trompé à nouveau - et c'est clairement ce qui me bloque à ce jour pour m'engager.
Et cette impression d'injustice. Elle, l'adultère, amoureuse et aimée à en crever. Elle, un enfant, moi qui en veux plus que tout au monde. Moi, seul devant mon écran.
Mais j'ai appris.
Tout d'abord que me remettre en cause au delà du nécessaire pour ce malheur desservait ma recherche du bonheur. Que je pouvais être encore aimé. Que l'on se remet du tourbillon infini dans lequel on plonge le jour où l'on découvre nos cornes, aussi improbable et impossible cela semble t'il au début. J'ai appris les sens des mots famille et amis. J'ai même repris une vie sociale perdue pendant le mariage, de temps en temps. J'ai rencontré des personnes exceptionnelles que je n'aurai pas rencontrées sinon. J'ai appris que la vie n'est pour personne le long fleuve tranquille que je m'étais rêvé pour nous. J'ai appris que l'essentiel, est d'être entouré même si il faut se faire violence. J'ai appris que trop bon trop con, qu'il faut garder les yeux ouverts en permanence. J'ai appris que les gens se rencontrent parfois sur le chemin, et que seule la communication leur permet de rester sur le même chemin et leur évite de regarder l'herbe du voisin. Qu'en cas de rupture de communication, les gens changent de chemin sans forcément s'en apercevoir, et que la fin est alors une conséquence inéluctable, qu'elle se traduise par une infidélité ou autrement.
Enfin, j'ai compris que je devais passer par cette étape malheureuse pour grandir et devenir l'homme qui sommeillait dans le grand enfant idéaliste que j'étais resté.
La haine, le dégout, la pitié, l'affection, l'indifférence, la malédiction, aujourd'hui tout se mélange selon les jours, pour celle qui m'avait promis fidélité. Je pense encore beaucoup trop à elle, ce post en atteste. Certains jours, je voudrais qu'elle soit heureuse. D'autres, je lui souhaite tout le mal qu'elle m'a donné sans sourciller, et qui aujourd'hui encore fait de moi la moitié d'une personne.
Je ne suis plus malheureux, mais je ne suis pas heureux. La réparation est longue, pour les écorchés vifs. Mais j'ai aussi appris qu'aucun obstacle insurmontable ne nous est donné à franchir. Alors en premier lieu, je vise la finalisation du divorce - en espérant que ce soit le déclencheur pour que mes capacités à aimer reviennent.
2 ans après, j'ai rebondis du fond de la piscine, je pense être en ascension lente entre deux eaux, et l'air manque. La surface, c'est pour bientôt ?
Courage à tous ceux qui passent par ces étapes. Un avenir existe pour tous, si même moi, l'angoissé de service, je le perçois.
Tout est pour le mieux.
Sincèrement, Sacha
